L’éternel éphémère
Texte / Stéphanie Lemoine
Le graffiti n’était pas né, qu’il peignait déjà sur les murs à la bombe aérosol. Pionnier de l’art urbain, Gérard Zlotykamien est l’auteur d’une œuvre radicale, en tous points inclassable…
La rue Royale à Calais est une artère vivante qui égrène les boutiques. Pourtant, en la longeant vers la digue, on y passe un commerce fermé. L’enseigne a disparu, et n’a laissé sur la façade en faïence jaune que l’empreinte du mot « droguerie ». De part et d’autre de la porte, des panneaux en contreplaqué barrent toute vue vers l’inté- rieur. Le lieu montre tous les signes d’une prospérité déchue, et c’est précisément pour cela, suppose-t-on, que Gérard Zlotykamien l’a choisi lors d’un bref passage dans la ville, à l’occasion de l’exposition « Conquête urbaine » au musée des Beaux-Arts. En marge de l’évé- nement, auquel il participait jusqu’au 3 novembre avec une cinquantaine d’artistes urbains, il y a tracé à la bombe aérosol, hors de toute commande, deux figures familières aux contours noirs, aux formes vacillantes et presque enfantines : ses fameux « éphémères ».